Énergie

Je me sens bien mieux. C’est pourquoi j’ai envie de dire au revoir à la dépression. À bientôt peut-être ? Elle revient et elle s’en va parce que ma vie est un cycle. Mais je ne m’en préoccupe pas trop pour l’instant. Parce que, même si je n’ai pas tout résolu, je suis libre et l’espoir renaît en moi.

Je guéris et ça fait tellement du bien ! Quoique, je n’ai peut-être jamais été malade, après tout…

Je suis sur le point de finir mon Master, et je ne sais pas trop comment envisager mon futur à partir de là. Mais…cette confusion ne me blesse plus. Je n’ai pas forcément besoin de plan fixe pour me sentir vivante.

Je peux faire ce dont j’ai envie. Je peux me promener, je peux créer de nouvelles habitudes, je peux prendre une décision qui influencera le restant de ma vie.

Je peux commencer. Oui, je peux commencer à m’accepter !

Compassion

Il faut du temps pour comprendre. Bien que j’aie eu plusieurs constatations au cours de ma vie, cela ne suffit pas. Je vais refaire les mêmes erreurs, sans doute parce que mon cerveau est un programme que j’obéis. Mes habitudes, je les ai pratiquées tellement de fois qu’elles sont devenues une seconde nature.

Or, j’ai une conscience. Et même si j’ai souvent du mal à m’arrêter, je peux m’observer.

Ces habitudes ne me définissent pas, alors est-il vraiment nécessaire de les prendre personnellement ? Avec cette question, je vis mieux.

Je ne ressens plus le besoin d’être frustrée à chaque fois que je me contredis. Malgré ma tendance à me critiquer, la conscience finit par me calmer. Comme une pommade, elle s’applique sur toutes les blessures de mon auto-jugement.

J’ignorais que la compassion de soi était une question de pratique. Et puis, je croyais que la source de mes problèmes, c’était moi. Moi en tant que personne, en tant que faiblesse. En tant que détritus.

Mais si j’ai un autre regard…la source de mes problèmes n’existe pas. Parce que je n’ai pas de problème.

J’ai une solution. À partir du moment où une solution apparaît devant un problème, dans ce cas, où est le problème ?

Il disparaît.

Rechute

Hier, j’ai rechuté.

C’est un peu…déstabilisant, de ne pas suivre ses propres règles.

Je m’étais pourtant dit de ne pas grignoter et de ne pas utiliser l’ordinateur la nuit.

Mais voilà…

J’aurais très bien pu éviter ça, mais j’avais une impulsion. Que cherchais-je donc à fuir ? L’ennui, la solitude ? La nourriture et internet me procurent-ils donc une certaine compagnie ?


Je crois savoir pourquoi je suis tombée :

Si je ne faisais rien de ma journée, à part tourner en rond chez moi, à attendre que la nuit tombe pour que j’aille me coucher…je me sentirais misérable.

Je peux lire mais je n’en ai pas envie.

Sortir, travailler, développer un nouveau loisir…je ne veux pas.

Je n’ai même pas la motivation de faire une sieste.

Quelqu’un toque à la porte, je sais déjà qui c’est : mon vieil ami l’Ennui.

Nous allons passer notre après-midi ensemble, dans la joie et la bonne humeur !

Il n’y a que la nourriture ou internet qui peuvent me sauver de cette galère. Mais l’Ennui m’observe toujours depuis l’écran YouTube ou mes biscuits au chocolat.

Le temps passe plus vite, c’est déjà ça.

Mais, lorsque le ciel s’assombrit, un énorme vide se créé en moi. Je ne considère pas cela comme une abomination. Au contraire, je plaisante : « Wow, je n’ai rien fait de cette journée ! ». Une constatation triste, mais drôle.

Se sentir mal mène à la tentation. Ce qui, par conséquent, me fait sentir encore pire. Terrible cercle vicieux.


Sauf que…

Une fois ma conscience établie, je m’allonge sur le lit et je soupire.

Vexée. Frustrée. Je ne pense pas être dans la dépression mais…je cherche éperdument une raison de vivre.

J’étais sur le point de considérer cette « rechute » comme un échec permanent.

Sur le point.

Confirmation : je suis incapable de faire durer mes propres habitudes.

Mais je me ressaisis à temps.

Voici ce que je me dis (ou du moins, ce que je cherche à me convaincre) :

« Après tout, tu as été capable de suivre ton objectif pendant trois semaines. Tu es certainement capable de refaire ça, voire plus, dans le futur. Cette rechute est une confirmation qu’il est difficile de se débarrasser d’une addiction. C’est la preuve que tu es allée loin, et que tu vas désormais franchir un nouveau terrain. À chaque fois que tu tomberas, tu devras te relever et avancer encore. Encore et encore. Et encore et encore et encore. 

En fin de compte, les nouvelles habitudes ne sont pas difficiles. Les chutes, si ».

(Bien sûr, j’ai reformulé mon langage interne, sans quoi il serait beaucoup moins structuré et formel).

Les égratignures font mal, et il faut une pression supplémentaire pour se relever ; mes deux mains sur le sol, je dois les pousser avec force…mais ça me donne l’occasion de regarder ce qui se trouve au-dessus de moi. Le paysage, ma vie, ma sublime conscience. Je suis comme neuve.

Alors lentement, je me suis levée de mon lit pour faire la montagne de vaisselle qui se trouvait devant moi.

Progrès

Marcher en avant, être une meilleure personne, développer ses compétences. Quelle joie de se savoir progresser, n’est-ce pas ?

Or, après réflexion, je m’interroge…

Est-ce vraiment la joie ?

L’année dernière, j’ai mesuré mes habitudes en marquant une croix tous les jours sur mon calendrier. Je me débrouillais plutôt bien.

Au bout de quatre mois, tout s’est effondré et j’en suis revenue à ma routine précédente, comme si de rien n’était.

Pourquoi ?

J’ai sûrement dû peser le pour et le contre, un jour d’extrême démotivation :

  • Si j’échoue ne serait-ce qu’une fois…
  • Ce serait contrariant, puisque j’ai tenu si longtemps…
  • Hé bien, dans ce cas, je vais me rattraper demain

Le lendemain, encore plus démotivée que jamais

  • Ok, récapitulons : j’ai raté une croix à cause d’hier…
  • Je n’ai même plus envie de poursuivre cette habitude, c’est fou…
  • Mais en fin de compte, à quoi servent ces croix ?
  • À rien ?
  • C’est vrai…

Quel mystère que de mesurer son progrès, parce qu’au bout du chemin, tout cela m’est bien égal !

J’ai désormais compris que mon but n’est pas de progresser, ni de m’évaluer.

De toute façon, que je le veuille ou non, j’avance toujours. Ai-je donc besoin de quantifier mes pas ?

***

Aujourd’hui, j’essaie d’intégrer un nouveau style de vie pour combattre mes addictions. Je ne saurais dire si je vais « échouer » ou pas, mais cela m’importe peu.

Intuitivement, je sais que je peux continuer longtemps, puisque j’étais capable de le faire hier. Et aujourd’hui. Certainement demain.

J’en suis convaincue.

Il est possible que je sois démotivée, et que je repousse mon habitude au lendemain. Cependant, si mon intention brille, je vais continuer. Cela compte plus que le progrès.

 

 

Destination

Où que j’aille, ce n’est jamais la fin.

Avant, je croyais qu’il suffisait de changer d’endroit pour changer de vie. Une belle illusion ! Je peux taper ma routine à la face comme si c’était un ballon de basket ; mais elle me rebondit toujours dessus.

Pareil pour les examens, les soutenances, le stress, l’ennui, le vide, les relations sociales, le shopping, les courses du supermarché, les malentendus, les rendez-vous, la visite médicale, la descente des poubelles, le brossage des dents, le réveil paresseux, la sensation de ne pas avoir assez, la solitude imminente, la mélancolie face à la nature, les feuilles d’automne qui tombent, les conversations téléphoniques, la fin des cours, les rentrées scolaires, le Nouvel An, les crises existentielles, les tasses de thé, l’eau qui bout dans la casserole, les innombrables tickets de caisse, le soulagement d’avoir fini, l’appréhension de devoir recommencer.

Et ainsi de suite.

La fin est synonyme de début. C’est pour cela que désormais, je me méfie de la « destination ».

Il n’y aura pas un point culminant où ma vie sera parfaitement cadrée.

Ce que je suis aujourd’hui, c’est ce que j’étais il y a deux ans. Certes, j’ai sûrement changé, mais pas dans un sens linéaire.

Plutôt que d’escalader une montagne abrupte, je nage au milieu d’un océan de vagues, inconsciente de mon horizon.

Persévérance

À chaque fois que je commence une nouvelle habitude, je suis sereine. Ma vie est enfin sous mon contrôle. Je suis fière de changer, de progresser, de vivre mieux !

Les premiers jours, je n’ai aucun mal à suivre mes propres règles.

Et puis, soudain…

…j’ai envie d’éternuer. Métaphoriquement parlant.

Vous le connaissez, ce moment où l’on veut faire « atchoum ! » mais qu’on n’y arrive pas ? Et ça s’enchaîne au moins cinq fois ?

C’est ce que je ressens quand je n’arrive pas à persévérer. C’est quelque chose qui me gratte, qui me gêne, qui me file un rhume.

C’est essayer de toucher ses pieds tout en étant debout (si comme moi, vous n’êtes pas très flexible, vous comprendrez).

Mon prof de sport avait l’habitude de dire, pendant nos flexions : « Il faut que ça gêne un peu, mais il ne faut pas que ça fasse mal« .

Tiens, je pourrais très bien me faire tatouer cette citation sur mon front.

Tout changement personnel dissimule un long processus :

Passé un certain temps, l’habitude que vous aimiez tant vous grattera. Vous vous sentirez las, et c’est normal. Cela veut dire que vous êtes arrivé au niveau supérieur. À partir de là, il y a deux options : soit abandonner (ce qui est totalement respectable), soit continuer malgré la gêne. Tant que ce n’est pas douloureux, la vie n’empêche pas de poursuivre son marathon.

Mais je pense qu’il faut avoir beaucoup de confiance en soi, pour s’estimer capable de marcher, tout en ayant un poids dans l’esprit. C’est dur.

Alors aimons-nous. On a tellement avancé jusqu’à présent, mais il reste encore du chemin à faire.